17 décembre 2025
Mis à jour le : 17 décembre 2025

5 résolutions pour favoriser l’autodétermination!

Par Sarah Pellerin, Ps. Ed.

Coordonnatrice de la Chaire Autodétermination et Handicap

Les chants des Fêtes jouent à la radio, les décorations illuminent les maisons, nous cuisinons nos recettes traditionnelles avec nostalgie… Le temps des Fêtes est bien à nos portes! Les festivités de fin d’année sont un moment opportun pour réfléchir avec fierté sur l’année passée, tout en préparant en douceur celle à venir. Et si 2026 était l’année où nous plaçons l’autodétermination au cœur de nos pratiques et de notre quotidien ?

Une courte définition

L’autodétermination se définit comme la disposition à agir en tant qu’agent causal de sa propre vie (1,2). En d’autres mots, une personne autodéterminée agit pour répondre à ses besoins et atteindre des objectifs qu’elle a librement choisis, avec ou sans soutien. L’environnement et le soutien reçu jouent un rôle important dans l’exercice de cette autodétermination pour les personnes en situation de handicap (3). 

Voici donc 5 résolutions pour y arriver!

Les 5 résolutions

1. Offrir des choix réels et significatifs

 Faire un choix est une manifestation importante de l’autodétermination (1,2,4). Offrir des choix réels et significatifs en fonction de l’âge de la personne est une façon de la promouvoir. Ces choix, répondant à un besoin ou à un intérêt de la personne, lui permettront d’exprimer une préférence et d’être considérée dans les sphères importantes de sa vie.

Astuces! Assurez-vous que la personne se représente bien l’ensemble des options qui s’offrent à elle et qu’elle sait explicitement qu’elle peut effectuer un choix. Laissez-lui un temps suffisant pour faire ce choix et reflétez-le clairement : « Nous mangeons des pâtes ce soir parce que c’est le choix que tu as fai t» .

2. Écouter… sous toutes ses formes

 La communication, tant verbale que non verbale, est essentielle pour repérer et soutenir les initiatives des personnes accompagnées (2,5). Ainsi, utiliser les moyens de communication adaptés (gestes, pictogrammes, technologies) permettra à la personne d’exprimer ses besoins et ses envies, d’être entendue et d’être comprise. Pour les personnes ayant des difficultés de communication importantes, prenez le temps de décoder les signaux non verbaux. Ces personnes ne parlent peut-être pas, mais elles communiquent constamment! Une observation attentive et des regards croisés entre collègues peut aider à dresser un portrait des préférences de la personne et de repérer des initiatives.

Astuces! Assurez-vous que toutes les personnes intervenant auprès de la personne connaissent ses moyens de communication préférés. Utilisez des tableaux d’observation pour consigner les signes non verbaux et en dégager un sens. Utilisez également le feedback descriptif, qui consiste à donner des indices pour aider la personne à prendre une décision. En évitant de répondre à la question, vous pourrez l’amener à réfléchir et à prendre sa propre décision :

« – Est-ce que j’ai assez mangé? », demande Ginette

«- Je vois que tu as terminé ton repas… as-tu encore faim? », lui répond Paul.

3. Encourager la prise de risque… en toute sécurité

L’autodétermination et la prise de risque sont des concepts indissociables (6). Faire ses propres choix implique parfois de se tromper et c’est normal ! Les erreurs sont des occasions d’apprentissage et de développement. Bien sûr, il ne s’agit pas de laisser la personne s’exposer à des dangers ou se placer dans une situation précaire, mais de trouver un équilibre entre sécurité et surprotection.

Astuces! Avant de dire « non », demandez-vous : « Comment rendre cette expérience sécuritaire tout en laissant la personne essayer ? » Cette réflexion permet de soutenir la personne dans ses prises d’initiative et encourage le développement de son autodétermination. Identifiez les risques perçus, les risques réels, les risques acceptables et les risques partagés. Pour mieux comprendre ces principes, vous pouvez lire (ou relire!) ce blogue : https://autodetermination.ca/quand-sautodeterminer-rime-avec-nouveaute/ . Impliquez la personne dans l’évaluation des risques : cela renforce son pouvoir d’agir et sa compréhension des conséquences.

4. Impliquer la personne dans les décisions qui la concernent

Que ce soit pour un rendez-vous médical, une sortie ou un projet de vie, la personne doit être au cœur des décisions qui la touchent. Trop souvent, ces décisions sont prises « pour » elle plutôt qu’« avec » elle. L’impliquer, c’est reconnaître son rôle actif et son droit à influencer sa trajectoire de vie.

Astuces! Adressez-vous directement à la personne, même si elle a des difficultés de communication. Utilisez des outils visuels (photos, pictogrammes, schémas) pour rendre votre discours concret et compréhensible, au besoin.

5. Croire en leurs capacités

La façon dont nous percevons les personnes que nous accompagnons influence nos interventions. Si nous les voyons uniquement comme vulnérables, nous aurons tendance à les surprotéger. Si nous les voyons comme des personnes ayant des forces et des besoins de soutien, nous mettrons en place des stratégies pour les aider à évoluer (7). Croire en leurs capacités, c’est leur donner la chance d’essayer, même si cela demande du temps et des ajustements.

Astuces! Appuyez-vous sur les forces de la personne pour bâtir des expériences positives. Félicitez les efforts autant que les résultats : l’autodétermination est un processus qui se construit pas à pas.

Conclusion

Sans prétendre révolutionner vos pratiques, ce blogue veut simplement mettre de l’avant une philosophie d’intervention qui peut être appliquée au quotidien. Ces petits gestes peuvent avoir de grands impacts sur la qualité de vie des personnes que vous accompagnez. Les petites actions d’aujourd’hui façonnent les grandes réussites de demain. En 2026, plaçons l’autodétermination au cœur de nos interventions!

 

Références:

  1. Shogren KA, Broussard R. Exploring the Perceptions of Self-Determination of Individuals With Intellectual Disability. Intellect Dev Disabil. 1 avr 2011;49(2):86‑102.

  2. Wehmeyer ML. The Importance of Self-Determination to the Quality of Life of People with Intellectual Disability: A Perspective. International Journal of Environmental Research and Public Health. janv 2020;17(19):7121.

  3. Vicente E, Mumbardó-Adam C, Guillén VM, Coma-Roselló T, Bravo-Álvarez MÁ, Sánchez S. Self-Determination in People with Intellectual Disability: The Mediating Role of Opportunities. International Journal of Environmental Research and Public Health. janv 2020;17(17):6201.

  4. Kuld PB, Frielink N, Zijlmans M, Schuengel C, Embregts PJCM. Promoting self-determination of persons with severe or profound intellectual disabilities: a systematic review and meta-analysis. Journal of Intellectual Disability Research. 2023;67(7):589‑629.

  5. Olney MF. Communication Strategies of Adults with Severe Disabilities: Supporting Self-Determination. Rehabilitation Counseling Bulletin. 1 janv 2001;44(2):87‑94.

  6. Pellerin S. Autodétermination, nouveauté et gestion des risques! [Internet]. Chaire Autodétermination et handicap. 2022 [cité 11 déc 2025]. Disponible à: https://autodetermination.ca/quand-sautodeterminer-rime-avec-nouveaute/

  7. Wehmeyer ML. Self-determination and individuals with significant disabilities: Examining meanings and misinterpretations. Journal of the Association for Persons with Severe Handicaps. 1998;23(1):5‑16.

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