Qu’avez-vous fait de nouveau dernièrement? Vous avez essayé un nouveau restaurant? Essayé une nouvelle sorte de céréales à l’épicerie? Visité une nouvelle région du Québec? Commencé un nouvel emploi? Alors, comment s’est déroulée cette expérience Vous étiez excités à l’idée de découvrir de nouvelles choses? Ou, au contraire, étiez-vous stressés face à l’inconnu auquel vous étiez confrontés? Toutes les réactions face à la nouveauté sont valides et une chose les unit : oser la nouveauté nous oblige à prendre des risques.
Quel lien pouvons-nous faire entre l’autodétermination et la prise de risque? En fait, ces deux concepts sont indissociables. S’autodéterminer, c’est aussi prendre des risques! Comme nous l’a exposé Robert Perske (1972), une personne ayant à cœur la défense des droits des personnes ayant une déficience intellectuelle, une vie sans risque est une vie sans dignité. Personne ne veut vivre sous une cloche de verre! Pour vivre avec dignité, il faut donc accepter de prendre certains risques raisonnables.
Nous avons par contre tous une tolérance différente aux risques. Certaines personnes ont une grande tolérance et réussissent à bien gérer l’inconnu, alors que d’autres se sentent rapidement déstabilisés par la nouveauté. Nous pouvons identifier 4 types de risque : le risque perçu, le risque réel, le risque acceptable et le risque partagé.
Le risque perçu
Le risque perçu est le premier risque qui apparaît dans notre esprit. Il est subjectif et se construit autour des perceptions que nous entretenons autour d’une situation. Par exemple, mon garçon voulait faire du motocross l’été dernier. Tout de suite, j’ai pensé : « Il n’en est pas question.» J’avais peur qu’il tombe, se casse la nuque et meure (vous comprenez maintenant comment j’ai gagné le titre de mère poule!). C’est le risque que je percevais de manière spontanée, sans prendre le temps d’analyser la situation plus en profondeur. La prise d’initiative est souvent découragée au stade du risque perçu. Il préférable de considérer la situation de manière plus objective.
Le risque réel
Ce type de risque nous permet d’objectiver la situation afin d’atténuer l’impact de nos perceptions. Nous pouvons alors nous poser deux grandes questions :
- Quelle est la probabilité que ce risque arrive?
- Est-ce que ce risque a des conséquences graves?
Par exemple, votre enfant veut essayer un nouvel atelier de musique et vous savez que cela risque de ne pas lui plaire. Il serait tentant de l’empêcher d’y participer parce que la probabilité qu’il n’aime pas son expérience est grande. Par contre, est-ce grave? Pas vraiment et de beaux apprentissages peuvent être faits de cette expérience! Revenons à l’histoire de motocross. Le risque que mon garçon tombe est assez probable et cela pourrait avoir des conséquences graves. Que faire, alors? L’empêcher de pratiquer ce sport? Pas si vite! Bien que mon cœur de mère poule préférerait qu’il développe une passion pour l’aquarelle, il est possible de rendre les risques acceptables.
Le risque acceptable
Afin de rendre les risques réels acceptables, nous pouvons agir à deux niveaux. Nous pouvons soutenir la personne dans le développement de ses compétences ou adapter l’environnement pour qu’il réponde davantage à ses besoins. Votre enfant veut prendre le transport en commun pour se rendre au centre commercial, mais il risque de se perdre? Ce risque n’est pas acceptable. Pour remédier à cette situation, que pourriez-vous faire L’accompagner dans le transport en commun afin de lui enseigner? Prévoir un moyen de communication, comme un téléphone portable, pour qu’il puisse contacter quelqu’un en cas de besoin? Pour que mon garçon puisse faire du motocross, il a dû suivre des cours pour développer ses compétences et porter les équipements de protection nécessaires. De plus, nous lui avons demandé d’utiliser des pistes non accidentées, le temps qu’il développe ses capacités. Ces exigences et adaptations ont rendu les risques associés à la pratique de son sport acceptables.
Le risque partagé
Vous avez déjà entendu l’expression : « Ça prend tout un village pour élever un enfant » ? Nous sommes rarement complètement seuls pour accompagner nos enfants. Il faut parfois s’entourer des bonnes personnes pour partager et diminuer la responsabilité des risques! Restez à l’affût des personnes-ressources qui gravitent dans votre entourage et sollicitez leur appui. N’hésitez pas à parler avec un proche ou encore avec l’intervenant(e) du CIUSSS ou de l’école!
Conclusion
La gestion des risques fait partie de notre quotidien et est nécessaire pour actualiser notre autodétermination. Surprotéger une personne avec une déficience intellectuelle peut la limiter dans le développement de ses compétences. C’est un peu comme la fleur que nous voulons protéger de la pluie. Personne n’aime être trempé, mais la fleur a besoin de la pluie pour grandir!