Lorsque j’étais jeune adulte, j’ai choisi de quitter la maison familiale pour emménager avec ma copine de l’époque dans un tout petit appartement. Mais voilà, la vie à deux sous le même toit a été plus difficile que je ne l’avais imaginé! Quelques mois plus tard, je suis retourné penaud vivre à la maison familiale… On m’a alors encouragé en me disant qu’il s’agissait là d’une expérience bien normale qui fait partie de la vie!
Quelques années plus tard, alors que je travaillais auprès d’adultes présentant une déficience intellectuelle, j’ai eu la confidence d’une collègue qui était très attristée des difficultés que vivait un jeune adulte présentant une déficience intellectuelle qu’elle accompagnait et qui avait emménagé récemment en appartement. Confrontés à ses difficultés, ce jeune homme et sa famille avaient convenu qu’il reviendrait vivre au domicile familial. Ma collègue était alors bien attristée de cette situation et elle se jurait bien de ne plus faire vivre un tel échec à ce jeune homme…
Voilà deux situations qui ont un point commun : une expérience en appartement qui ne se déroule pas comme prévu pour les deux jeunes hommes et qui les amène à choisir de retourner vivre au domicile familial. Pourtant, dans la première situation, cette expérience est perçue comme une expérience normale de la vie alors qu’elle est vue comme un échec dans la seconde situation. Il s’agissait pourtant dans les deux cas d’une manifestation d’autodétermination. En effet, ces jeunes hommes ont tous les deux fait ces choix en étant persuadés que cela était ce qui est le mieux pour eux!
Des objectifs de performance ou des objectifs d’apprentissage?
Or, même lorsqu’on s’autodétermine, il est possible de se tromper et de commettre des erreurs. Nous avons tous regretté un jour ou l’autre une initiative ou une décision que nous avons prise avec les meilleures intentions du monde! L’envie que notre enfant présentant une déficience intellectuelle s’intègre dans la communauté nous pousse parfois à interpréter certaines situations comme des échecs plutôt que des situations d’apprentissage. Voilà pourquoi il est important de distinguer deux types d’objectifs.
Les objectifs de performance se mesurent par le succès : j’ai échoué ou j’ai réussi. Par exemple, pour ce jeune adulte qui intègre un appartement, le succès correspond au fait de continuer à y vivre alors que l’échec suppose qu’on retourne vivre chez ses parents. Les objectifs d’apprentissage se mesurent par ce qu’on a appris dans une situation. Si nous reprenons le même exemple, la situation demeure positive si j’ai appris quelque chose de cette expérience et elle est préjudiciable si je n’ai rien appris.
Revoir ses attentes et reconnaître la prise d’initiative
Lorsque nous sommes parents d’une enfant ou d’un adulte qui présente une déficience intellectuelle, il devient encore plus important de reconnaître ces gestes d’autodétermination qui, même s’ils peuvent parfois être maladroits, sont une source potentielle d’apprentissages importants. Se tromper, faire des erreurs, prendre des décisions pour finalement changer d’avis… voilà des expériences qui font partie de la vie! Ce qui compte d’abord et avant tout, c’est de reconnaître l’initiative prise par la personne et de la soutenir dans les apprentissages qu’elle peut tirer de cette expérience.
Bref, s’autodéterminer ne veut pas nécessairement dire que l’on va tout réussir! Mais c’est certainement valoriser le fait qu’on a essayé!