Avec l’été qui s’installe doucement, les rues deviennent plus animées, les terrasses se remplissent et les occasions de croiser les gens de notre quartier se multiplient! C’est une saison idéale pour les rencontres spontanées, les échanges simples et les petits moments partagés qui renforcent le lien entre nous. Et c’est justement dans ces moments du quotidien que l’inclusion sociale peut prendre forme. Pour les personnes ayant une déficience intellectuelle, l’inclusion sociale ne se produit pas comme par magie. C’est un processus qui se construit doucement, dans les petits gestes et les échanges simples de tous les jours. Un bonjour échangé avec le boulanger, un sourire de la brigadière, une blague avec le commis à l’épicerie… Ces moments brefs et tout simples ont une valeur parfois insoupçonnée! Ces contacts spontanés, parfois discrets, mais réguliers, peuvent transformer un lieu ordinaire en un espace de rencontre, une routine en un moment de partage ou un simple échange en une parenthèse complice entre deux personnes. C’est dans cette simplicité que l’inclusion prend tout son sens.
Les rencontres conviviales
Dans les pays anglo-saxons, plusieurs recherches, notamment en géographie urbaine, ont permis de mieux cerner un concept qui a beaucoup à offrir quand il est question d’inclusion sociale des personnes ayant une déficience intellectuelle: celui des rencontres conviviales. Ce concept réfère aux échanges informels qui ont lieu dans les espaces publics, comme à l’arrêt d’autobus, dans un parc ou à l’épicerie, entre des personnes qui ne se connaissent pas, mais qui, l’espace d’un instant, reconnaissent mutuellement l’humanité de l’autre. Ces rencontres, bien que brèves et parfois discrètes, jouent souvent un rôle déterminant dans le sentiment d’appartenance des personnes ayant une déficience intellectuelle. Elles créent du lien. Elles donnent le sentiment d’exister, d’être reconnues, d’avoir une place dans son milieu de vie, dans son quartier, dans la société… d’avoir SA place.
Soutenir la rencontre
Les moments de convivialité prennent forme dans des espaces partagés où règnent l’ouverture à l’autre, le respect de la diversité et une réelle volonté d’inclure chaque personne telle qu’elle est. Des espaces où chaque personne se sent la bienvenue.
Quand il s’agit de personnes ayant une déficience intellectuelle, ces rencontres peuvent être facilitées, mais jamais forcées. À cette fin, un accompagnement sensible doit être assuré par des personnes-ressources attentives. Ces personnes, qui peuvent être un·e intervenant·e, un·e ami·e ou un proche, sont celles qui savent être présentes sans prendre toute la place, soutenir sans diriger, et surtout, laisser l’espace nécessaire pour que les liens se créent naturellement. Elles sont aussi celles qui prennent le temps de réfléchir à leur façon d’accompagner : en portant un regard critique sur leur posture, leurs gestes et surtout, sur les effets que ceux-ci peuvent avoir sur les interactions entre la personne et celles qu’elle rencontre. Car accompagner, c’est aussi se questionner, s’ajuster et rester à l’écoute- ce qui est essentiel pour que chaque rencontre ait vraiment la chance d’exister.
Pour favoriser l’inclusion, il faut aussi penser aux conditions qui permettent aux échanges de se produire. Créer un climat convivial propice aux rencontres, ça se prépare, ça s’encourage et ça se cultive. Des recherches montrent que les rencontres conviviales ont plus de chance de se produire dans des activités partagées qui sont régulières, accessibles, non compétitives et visant l’atteinte d’un objectif commun. On pourrait penser à des activités comme celles de réaliser une recette lors d’une cuisine collective ou de faire un trajet de 5 km dans un club de marche. Dans de tels contextes, les différences s’effacent pour laisser place à un intérêt commun et au plaisir partagé ensemble.
De la non-rencontre à la reconnaissance
Il suffit parfois de peu : un bonjour, un sourire, une parole bienveillante. Ces gestes simples ont toutefois le pouvoir de transformer l’indifférence en reconnaissance.
Or, parfois, ces moments de rencontre ne se produisent pas. Ces non-rencontres souvent involontaires, comme un regard évité ou un silence gêné, peuvent laisser un sentiment de rejet ou d’exclusion.
Dans ce contexte, les personnes-ressources peuvent jouer un rôle déterminant. Leur présence attentive peut faire toute la différence. Bien entendu, elles ne sont pas là pour parler à la place de la personne ou pour diriger l’échange, mais pour ouvrir un espace de rencontre, pour créer les conditions propices à un lien authentique. Ainsi, elles peuvent encourager doucement une personne à entrer en contact, l’aider si elle hésite, ou simplement rester présente, en retrait, prête à intervenir si besoin. Ces gestes discrets, mais importants, peuvent faire toute la différence- ils peuvent faire émerger des moments de convivialité qui, autrement, n’auraient peut-être jamais eu lieu.
Nous avons, collectivement, le pouvoir d’agir, en valorisant l’importance de cet accompagnement en soutien l’inclusion sociale et en y contribuant concrètement. Aujourd’hui plus que jamais, on doit se rappeler que chaque interaction compte et que de petits gestes peuvent avoir une portée insoupçonnée. Derrière chaque rencontre, il y a deux personnes qui souhaitent appartenir. Et bâtir une société inclusive, c’est d’abord choisir de se rencontrer.
Et quel meilleur moment que l’été pour le faire ?
Quand les rues s’animent, que les parcs se remplissent et que les événements de quartier battent leur plein, les occasions de créer du lien sont partout autour de nous. Un bonjour au parc, une conversation autour d’une crème glacée, un sourire échangé lors d’un spectacle en plein air… Ces moments simples peuvent devenir des tremplins vers une société plus inclusive. L’inclusion ne prend pas de vacances — elle se vit, un geste à la fois.
Cet été, je vous souhaite de douces rencontres inspirantes cet été, en toute simplicité!
