Au sein de la Chaire Autodétermination et Handicap, j’ai le privilège de côtoyer chaque jour des personnes engagées, sensibles et brillantes, qui contribuent activement à faire progresser les connaissances sur l’inclusion, l’autodétermination et la participation sociale des personnes en situation de handicap. Aujourd’hui, j’aimerais mettre en lumière le travail exceptionnel de Laurence Ouellet, professionnelle de recherche à la Chaire, dont le parcours incarne avec éloquence ce que peut être une relève à la fois rigoureuse, humaine et créative.
Une bande dessinée pour mieux comprendre une réalité complexe
Dans le cadre du 4e Vulgarisathon de l’Acfas, Laurence présente une bande dessinée de vulgarisation scientifique intitulée « Autisme et maintien en emploi : une responsabilité partagée ». Cette œuvre originale et touchante est exposée au Musée de la nature et des sciences de Sherbrooke (MNS2) du 5 au 27 avril 2025, dans le cadre de l’exposition Dessine-moi la recherche : planches à partager.
À travers le personnage fictif d’Alex, une personne autiste confrontée à de multiples défis pour garder un emploi, Laurence nous plonge dans une réalité souvent peu visible, mais pourtant bien réelle : si de nombreuses personnes autistes aspirent à participer activement au marché du travail, le maintien en emploi demeure un défi de taille.
Les obstacles sont multiples : difficultés sociales, enjeux sensoriels, conditions de santé physique ou mentale, absence de soutien adapté, attitudes négatives dans l’environnement de travail… Et pourtant, trop souvent, la responsabilité de « s’adapter » repose uniquement sur les épaules de la personne autiste elle-même.
Et si on partageait cette responsabilité?
C’est ici que le message de la bande dessinée prend toute sa force : et si le maintien en emploi était une responsabilité partagée? Une responsabilité qui incombe non seulement à la personne autiste, mais aussi — et peut-être surtout — à son environnement de travail.
Le personnage d’Alex vit cette transition. Après avoir perdu un emploi dans un milieu peu soutenant, il intègre un nouvel environnement de travail où il peut non seulement s’exprimer, mais aussi faire des choix, prendre des initiatives et recevoir du soutien. Bref, un milieu où il peut exercer son autodétermination.
L’autodétermination, soit la capacité d’avoir et d’exercer du pouvoir sur les dimensions importantes de sa vie, ne peut pas s’épanouir dans un vide. Elle nécessite des occasions réelles de participation, du soutien adapté, des conditions inclusives. Ce n’est qu’à cette condition que la personne peut pleinement mobiliser ses forces et contribuer activement à son milieu de travail.
Une œuvre nourrie par l’expérience et la recherche
Ce projet n’est pas arrivé par hasard. Il s’appuie sur un parcours professionnel et académique profondément ancré dans les réalités du terrain. Avant d’entreprendre une maîtrise en psychoéducation au campus de Québec de l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR), Laurence a accompagné pendant plus de six ans des adultes autistes dans leur intégration socioprofessionnelle. Ce contact direct avec les personnes concernées a façonné sa sensibilité, mais aussi sa rigueur dans l’approche des enjeux liés à l’inclusion.
Dans le cadre de son mémoire de maîtrise, qu’elle a réalisé sous ma direction, elle s’est penchée sur les obstacles et les facilitateurs du maintien en emploi du point de vue des personnes autistes elles-mêmes. Une approche essentielle pour sortir des discours sur l’autisme construits à propos de ces personnes, et donner enfin toute leur place à leurs voix, leurs expériences et leurs perspectives.
Aujourd’hui, Laurence poursuit son implication à titre de professionnelle de recherche à la Chaire Autodétermination et Handicap. Elle continue de contribuer à des projets qui placent les personnes autistes, polyhandicapées ou ayant une déficience intellectuelle au cœur des préoccupations, avec pour objectif de favoriser leur inclusion et leur autodétermination dans tous les aspects de leur vie.
Une relève à célébrer
Ce projet de vulgarisation scientifique est un exemple remarquable de ce que peut produire une relève engagée, bien formée et profondément à l’écoute. En alliant recherche, créativité et accessibilité, Laurence réussit à sensibiliser un public large à des enjeux complexes, tout en respectant la richesse et la diversité des trajectoires de vie des personnes autistes.
Il est essentiel de soutenir et de valoriser ce type d’initiatives, car elles nous permettent non seulement de mieux comprendre les réalités vécues par les personnes en situation de handicap, mais aussi de repenser collectivement nos responsabilités et nos façons d’agir.
Bravo et merci, Laurence, pour ton engagement, ta sensibilité et ta rigueur. Ton travail est une contribution précieuse à la construction d’une société plus inclusive, plus juste, et plus humaine.