25 juin 2025
Mis à jour le : 25 juin 2025

L’inclusion professionnelle : entre intentions et réalités

Par Martin Caouette, Ph. D., Ps. Ed.

Titulaire de la Chaire Autodétermination et Handicap

J’ai eu récemment l’occasion de participer à l’émission Genre humain sur Radio-Canada OHdio, où j’ai partagé quelques réflexions sur les meilleures pratiques d’intégration socioprofessionnelle des personnes ayant une déficience intellectuelle, autistes ou polyhandicapées.

Depuis des années, mes travaux de recherche et mes engagements sur le terrain m’amènent à côtoyer des personnes dont les compétences, les aspirations et le potentiel sont bien trop souvent invisibilisés par des structures rigides, des approches normatives et, parfois, par de bonnes intentions mal orientées.

Inclusion ou insertion?

Il est important de faire la distinction entre inclusion et insertion. Trop souvent, les milieux de travail parlent d’« intégrer » des personnes issues de la diversité, mais cette intégration ressemble davantage à une adaptation forcée aux normes en place qu’à une transformation de l’environnement pour le rendre réellement accueillant.

L’inclusion véritable suppose qu’on revoie les règles du jeu, qu’on reconnaisse la personne dans sa globalité, et qu’on adapte le cadre à ses besoins, ses forces et ses façons de fonctionner. Cela demande du temps, de l’écoute, et surtout une volonté organisationnelle forte.

Un accompagnement sur mesure

L’approche « mur-à-mur », souvent utilisée par souci d’efficacité ou de simplicité, est inadaptée aux réalités des personnes vivant avec une déficience intellectuelle, un TSA ou un polyhandicap. Ce qu’il faut, c’est un accompagnement individualisé qui respecte les rythmes, les intérêts et les besoins de chaque personne.

Cela ne signifie pas de tout réinventer à chaque fois, mais plutôt de co-construire les conditions de réussite avec la personne concernée, en dialogue avec les milieux de travail. L’objectif n’est pas simplement de trouver une place, mais de s’assurer que cette place ait du sens pour la personne elle-même.

« Offrir une place, ce n’est pas suffisant. Il faut que cette place ait du sens pour la personne. »

Cette phrase résume bien ce que devrait être l’inclusion professionnelle : une démarche centrée sur le sens, l’utilité et la reconnaissance mutuelle.

Le rôle des milieux de travail

Les employeurs ont un rôle clé à jouer. Il ne s’agit pas simplement de « faire une place » pour remplir un quota ou se donner bonne conscience. Il s’agit de reconnaître que la diversité cognitive et fonctionnelle est une richesse pour les organisations. Les personnes que l’on dit « différentes » apportent une vision du monde, des compétences et une sensibilité qui peuvent transformer positivement nos façons de travailler.

Cela demande parfois de revoir certaines pratiques de gestion, de formation, d’encadrement… mais le retour sur investissement est humainement et collectivement inestimable.

Une responsabilité collective

L’inclusion ne repose pas uniquement sur les épaules des personnes en situation de handicap ou sur la bonne volonté de quelques employeurs. Elle est le fruit d’une responsabilité collective : celle des institutions, des politiques publiques, des communautés, et de chacun d’entre nous.

Nous avons le devoir d’élargir notre conception de la participation sociale et professionnelle, pour qu’elle inclue véritablement toutes les personnes, peu importe leurs caractéristiques ou leurs besoins de soutien.

Pour aller plus loin

Je vous invite à écouter l’entrevue complète:🎙️ Écouter sur OHdio

C’est une occasion de réfléchir ensemble à la société que nous voulons bâtir : une société où chaque personne peut contribuer, se réaliser, et être reconnue dans sa pleine humanité.

Merci à Genre humain pour cet espace de dialogue. Et merci à toutes celles et ceux qui, au quotidien, œuvrent à faire de l’inclusion un engagement réel, et non un simple mot à la mode.

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